Nº 172

Sans commentaire

Nathalie Simon : Blanche Gardin lit le philosophe allemand

« La géniale humoriste [Blanche Gardin] adepte de stand-up, qui lit d’ailleurs le philosophe allemand Jankélévitch et Cioran, a provoqué un impact inimaginable sur la planète Terre. Comparable au coup de tonnerre déclenché par les fameuses et haletantes séries 24 heures chrono ou Game of Thrones. On attend la suite de ses aventures. Qu’en sera-t-il de la nouvelle saison ? Que va dire, que va faire, Blanche Gardin ? Comment réagira-t-elle à telle ou telle remise de prix, décision ou mouvement politique ? »Vers 1731 un bateau, en provenance du cap Corse, fut capturé en Méditerranée occidentale par des Ottomans et son équipage réduit en esclavage. La lettre que l’on va lire, traduite du toscan en français, est tirée des archives de la famille Dominici à Ersa, en Corse. Le destinataire est un membre de cette famille, père capucin, devenu curé de Saint-André à Ersa. L’auteur est originaire de la même pieve (paroisse). Sa lettre témoigne de la vie dangereuse des marins chrétiens en Méditerranée au xviiie siècle et de leur situation lorsqu’ils devenaient captifs au hasard d’un combat ou d’une prise. Grâce aux ordres religieux qui s’employaient à les secourir et à les racheter, grâce aux négociants qui visitaient les Turcs, ces pauvres captifs parvenaient, parfois, à maintenir des relations avec leur pays et leurs compatriotes.J.-C. C.À Monsieur don Giovan-Santo Dominici, de la Botticella d’Ersa, curé de celle-ci.Au Très Révérend Dominici, mon excellent Maître don Giovan-Santo, Profitant de la présente occasion du rachat et de la libération de quelques sujets de l’État de Toscane, je n’ai pas voulu laisser passer cette prochaine commodité sans vous donner des nouvelles de mon état misérable, à propos de la misère de l’esclavage dans lequel je me trouve depuis maintenant dix-sept ans passés, comme votre très estimée personne en sera informée par votre très cher neveu Antonio, qui saura vous donner de mes nouvelles, au cas où votre Seigneurie aurait oublié le temps où, enfant, je fréquentais son école. Et maintenant que je me trouve privé de votre présence, j’ai la grande consolation d’apprendre que Votre Seigneurie est devenu le prêtre de Sant’Andrea où le seigneur Dieu nous donnera la prospérité et beaucoup de bonheur. Je ne veux pas manquer de vous prier d’informer Santia, sœur de Pietro Maiorghini, et femme de Pietro Pellicione, que son filleul se trouve esclave à Constantinople d’un certain Beilik, c’est-à-dire Giuseppe, et aussi que son frère Marchino est esclave sur la galère de Sala, pacha de Scio, de même que Barnaba, frère d’Angiolleto, de la Piazza d’Ersa, se trouve esclave sur la galère de Mittelin et pourra donner des nouvelles, à Anto-Santo Braino, de son fils Domenico qui est à un Turc en Asie. Je vous prie avec insistance de bien vouloir me donner des nouvelles de Giovanni et Andréa, mes chers cousins. Où sont-ils ? Que je sache au moins s’ils sont encore vivants, afin que, mieux informé, je puisse leur écrire, car s’ils étaient vivants ce serait pour moi une grande consolation de les savoir en bonne santé, et de savoir où ils se trouvent. Pour ne pas vous importuner davantage, je m’arrête ici et je vous prie de saluer votre cher frère le Père Domenico, et tous ceux de votre maison, les Révérends Pères capucins, de même que Maître Leonardo Giovan Luca et toute sa famille. Petronella, Francesco Balanini, et toute sa maison, ainsi que les voisins et amis qui se souviennent de moi, ainsi que Monsieur Giovan-Antonio Antoni et tous ceux de sa famille, saluez aussi Petro Anton-Matteo, Bernadino, Paolo Michele et toute sa famille, mon souvenir au Père Urbano que je vous prie de saluer pour moi. Je suis votre respectueux, et je vous baise les mains, et vous prie de bien vouloir me donner votre sainte bénédiction. Votre très humble et affectionné serviteur, pauvre esclave de Beilik à Constantinople, au bagne de ce Beilik. Si vous vouliez bien m’écrire, écrivez à Francesco Agostino, Corse, qui pourra faire suivre.

Alice Coffin, conseillère municipale de Paris : Savoir-faire

« Investir la rue est un savoir-faire féministe et lesbien. C’est en gros le seul espace où on peut s’exprimer librement. »

Adrien Quatennens, coordinateur de la France insoumise : Donc

« La productivité a augmenté. Il faut donc travailler moins pour travailler mieux et travailler tous. Appliquons réellement les 35 heures et allons vers les 32 heures par la semaine de travail de quatre jours. Nous proposons une sixième semaine de congés payés et la retraite à 60 ans. La planification écologique que nous proposons d’engager est un gisement d’emplois considérable. Rien qu’avec la transition agricole, énergétique et l’économie de la mer nous pourrions créer plus d’1,5 million d’emplois. »

Felwine Sarr, économiste : Sens de l’histoire : intranquillité

« Une partie de la société ne veut pas regarder l’histoire coloniale en face. Or là est bien le sujet : travailler l’impensé de la relation aux autres, se confronter à l’histoire et parvenir à la dépasser, même si cela va à l’encontre du mythe, du récit sur soi, celui des Lumières, de la grandeur… Certains ne veulent pas voir que leur histoire est héritière de la construction d’une altérité négative vis-à-vis des anciennes nations colonisées et qu’il y a là une situation totalement injuste, inéquitable. […] Une direction a été indiquée. Elle correspond au sens de l’histoire, mais le travail n’est pas fini. Il faut continuer. Les interventions des militants ont introduit une nouvelle donnée que j’appellerai l’intranquillité. Avant on pouvait exposer des objets obtenus dans des conditions problématiques à la vue de tous. Les musées vont désormais devoir faire attention. Un gendarme ne peut pas être placé derrière chaque objet. Pour que le public occidental continue de pouvoir regarder ces biens culturels de manière sereine, il faut partager le patrimoine de manière équitable. Sinon, il y aura de l’intranquillité. »