Nº 139

Sans commentaire

Mais

« Mao a effectivement causé des millions de morts, ajoute-t-il, mais il a aussi joué un grand rôle dans la montée en puissance de la Chine au xxe siècle. »
Jean-Pierre MOURE

Dégonfler la baudruche

« Le Conseil de Paris des lundi 6 et mardi 7 février se prononcera sur le choix de baptiser une place du 16e arrondissement du nom de l’écrivain russe Alexandre Soljénitsyne. Pour ma part, avec plusieurs de mes amis, nous voterons contre.Certes, Soljénitsyne fut une des nombreuses victimes du stalinisme. Emprisonné huit ans au Goulag, de 1945 à 1953, pour avoir écrit quelques lignes critiques envers le régime, il connut dans sa chair la violence et l’absurdité de ce qui était devenu une dictature. Son roman Une journée d’Ivan Denissovitch, paru en 1962, dénonçait avec pertinence l’univers concentrationnaire. En 1973, il publia aussi L’Archipel du Goulag, avant de quitter son pays.Que Soljénitsyne fut une victime et un opposant au stalinisme est donc indiscutable. Il ne fut pas le premier néanmoins. Loin de là. Avant lui, dès les années 30, bien des figures majeures de la révolution russe s’étaient aussi opposées à la dégénérescence bureaucratique et policière du régime, sans connaître une telle reconnaissance internationale.La particularité de Soljénitsyne est qu’il fut érigé de son vivant, dans les années 70, comme le symbole de l’opposition à l’oppression stalinienne. En pleine guerre froide, il bénéficia aussitôt de tous les honneurs. Du coup, bien peu de gens écoutaient encore dans le détail ce qu’il racontait, se laissant hypnotiser par sa longue barbe qui lui donnait des allures de vieux sage, alors qu’il n’était plus qu’un vieux radoteur réactionnaire. Si la musique soljénitsyenne avait un air de liberté pour les oreilles peu attentives, en réalité les paroles n’étaient qu’une nostalgie repoussante de la Russie tsariste et antisémite.La baudruche Soljénitsyne doit donc être dégonflée. ».
Alexis CORBIERE