Nº 186

Sans commentaire

Je me suis mis à penser

Je me suis mis à penser, soudain, que, peut-être, cet homme n’était ni le coupable, ni le responsable de ce qu’il avait fait, mais qu’il avait lui-même été le corps conducteur d’une violence qui le dépassait, et qui n’est pas simple à expliquer, celle de son éducation, celle de sa classe sociale, celle de la vie en couple, celle de la domination masculine.

Édouard Louis (romancier)

Monique s’évade, Seuil, 2024

Les réacs distillent leurs idées

Faut-il débattre amour et MeToo avec Alain Finkielkraut et une essayiste antiféministe ? Cette histoire est piégeuse, quel que soit l’angle par lequel on la regarde. Si vous vous opposez à ce genre d’exercice, vous vous exposez à être taxée de féministe sectaire qui refuse le dialogue et l’idée même de démocratie. Or les choses sont un peu plus compliquées que ça : il se trouve qu’on n’a rien, personnellement, contre le débat d’idées et les toniques argumentations entre gens pas forcément du même bord. Mais on estime que ce genre de moment médiatique n’ est qu’une histoire déjà écrite, une partition jouée à l’avance, pur produit de la société du clash. Ainsi, le philosophe réac’ invite une personne qui ira dans son sens (Noémie Halioua), qu’il oppose à un faire-valoir progressiste, une personne du « camp d’en face ». La progressiste débitera alors ses idées progressistes, parlera de continuum des violences, en face on lui opposera que les hommes ne sont pas coupables de tout, que regarder l’amour sous le prisme des violences faites aux femmes, voilà bien un défaut de notre temps, que l’amour est risqué et asymétrique, la progressiste dira qu’il ne faut pas confondre l’amour avec la violence et la domination masculine. Chacun débite, chacun campe sur ses positions, et, à la fin, la guerre culturelle est toujours là, et personne n’a raison. Sauf que les réacs ont réussi à faire ce qu’ils font depuis des années : ils distillent leurs idées. Le fond de l’air était rance ; voilà qu’il s’épaissit encore davantage, avec l’illusion du contradictoire.

Johanna Luyssen (journaliste)

Libération, 26 février 2024

Nazi

Il y a le déguisement Netanyahou qui marche pas mal pour faire peur. Vous voyez qui c’est ? Une sorte de nazi, mais sans prépuce.

Guillaume Meurice (chroniqueur radio et humoriste)

France Inter, 29 octobre 2023

Une nature féminine mythique

Féministes, encore un effort pour l’émancipation somatopolitique de toustes ! Le féminisme n’est pas un héritage patriarcal à distribuer aux filles cis et hétérosexuelles bien élevées, ni un club de privilèges pour les mères de la nation. Le féminisme est un projet de transformation sociale et politique totale. (…) Ceci est un appel aux dernières féministes de gauche. Vous devez nous rejoindre (personnes trans, personnes non binaires, personnes queer, dissidents du régime patriarcal hétéronormatif avant que les droits reproductifs, sexuels et institutionnels que vous avez acquis ne vous soient retirés au nom d’une nature féminine mythique dédiée uniquement à la reproduction nationale.

Paul B. Preciado (philosophe)

Libération, 2 mai 2024