Les Russes et l’idée de faute

La culture du déni Ma grand-mère, Anastassia Nikandrovna, était une belle femme aux joues roses, mais même aux belles femmes il arrive de casser des tasses. C’est ainsi qu’un beau jour, une tasse bleue lui échappa des mains pour aller se briser en mille morceaux sur le sol de la cuisine. À quelques pas de là gisait, orpheline, l’anse, intacte quant à elle, mais désormais inutile. Ma grand-mère ne disait jamais : « J’ai cassé cette tasse », mais bien plutôt : « Ce

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Victor Erofeev

Victor Erofeev

Écrivain. Dernier ouvrage paru en français : L’Encyclopédie de l’âme russe (Nouvelles Éditions Place, 2018).