Les rapports tourmentés de la France et du Maroc

Monsieur Mohamed Bouayad, actuaire senior au sein du groupe de réassurance Scor, fin connaisseur des deux pays dont il est question ici, a bien voulu nous soumettre les réflexions qui suivent. Il réagit à l’article de Dominique Bocquet « Singularités marocaines et perplexités françaises », paru dans notre n° 182. Complétant cet article, elles apportent des précisions utiles à la compréhension des positions marocaines, et expriment les sentiments éprouvés sur l’autre rive de la Méditerranée à propos des rapports tourmentés entre le Maroc et la France. Elles conduisent l’auteur à explorer les autres causes de mésentente entre nos deux pays, ainsi que leurs conséquences sur l’avenir de leurs relations.

Depuis la parution de l’article de Dominique Bocquet et la rédaction du texte de Mohamed Bouayad, le tremblement de terre qui a sévi dans la région de Marrakech en septembre 2023 a donné lieu à une nouvelle manifestation de l’incompréhension entre les deux pays. Alors que l’on aurait pu espérer voir ceux-ci mettre leurs différends entre parenthèses face à ces circonstances dramatiques, c’est le contraire qui s’est produit. Malgré des offres de services exprimées publiquement au plus haut niveau (ou peut-être à cause d’elles), la France n’a pas figuré sur la liste des pays dont l’aide était acceptée par le Maroc au lendemain de la catastrophe.

Un réchauffement est ensuite, mais ensuite seulement, survenu. Au Conseil de sécurité des Nations unies, la France a trouvé des mots chaleureux pour rappeler son soutien à la solution marocaine d’autonomie au Sahara. En février 2024, le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, s’est rendu au Maroc et a annoncé que les entreprises françaises investissant dans les « provinces du Sud » pourraient désormais accéder à des financements appuyés par l’État. Les 25 et 26 avril derniers, Bruno Le Maire a effectué, à son tour, une visite au Maroc qui s’est révélée propice à l’annonce de nombreux projets.

On lira à la suite du texte de Mohamed Bouayad la réponse que lui a adressée à son tour Dominique Bocquet, qui revient sur l’état des relations entre les deux pays.

Commentaire

 

 

 

RÉFLEXIONS SUR L’ARTICLE
DE DOMINIQUE BOCQUET

 

Les relations de la France et de son ancien protectorat ont connu depuis 1956, date de l’indépendance du Maroc, une succession de crises que les deux parties ont su jusqu’ici dépasser sans trop de dommages pour leurs intérêts réciproques. Cependant, la crise actuelle risque d’avoir un impact autrement dévastateur sur divers plans et pourrait sérieusement menacer la pérennité des liens de partenariat privilégiés entre les deux pays. Vue de Rabat, cette malencontreuse situation risque d’être davantage nuisible à l’Hexagone qu’au royaume chérifien, car le contexte historique et géopolitique a manifestement évolué et semble aujourd’hui plus favorable au Maroc.

 

L’indépendance dans l’interdépendance

L’indépendance dans l’interdépendance se voulait la ligne directrice des futures relations entre deux nations souveraines. Il faut reconnaître que le contexte de l’époque au Maroc s’y prêtait fort, avec notamment – et non exhaustivement – cinq caractères :

  1. Un État jeune manquant de compétences et de cadres en nombre suffisant pour poursuivre sa structuration vers un État moderne entamée sous le protectorat. L’apport à ce niveau de l’ancien colonisateur était sollicité pour activer cette transition. Des cadres et autres compétences de France ont ainsi continué durant les années soixante à assister l’administration marocaine dans divers domaines (législation, enseignement, santé, urbanisation, système bancaire, etc.).
  2. Une présence en force d’entreprises françaises défendant leurs intérêts économiques au Maroc et plaidant par un lobbying discret mais efficace pour un rapprochement des pouvoirs politiques dans les deux pays afin d’assurer un minimum d’interférences sur la poursuite de leurs affaires et leur rentabilité.
  3. Une monarchie, quoique populaire et légitimée par son rôle pour la conquête de l’indépendance, qui était soucieuse de préserver son pouvoir face à une opposition qui ambitionnait un partage de ce pouvoir et une révision du makhzen et de ses trop larges prérogatives à ses yeux. Le soutien de la France ne pouvait que renforcer la position du Palais et assurer la pérennité de la dynastie régnante (maintien discret de l’armée française au Maroc jusqu’en 1961 pour épauler la création de l’armée marocaine et dissuader d’éventuels troubles).
  4. Une opposition, manifestant des velléités d’indépendance réelle du pays mais restant convaincue du rôle de l’ancien colonisateur pour assurer un certain équilibre des pouvoirs post-coloniaux.
  5. Une élite intellectuelle en grande partie sensible à l’influence française du fait de sa formation et de ses liens solides avec le monde intellectuel de l’Hexagone dans sa diversité.

 

Les soubresauts de la relation France-Maroc

Ce contexte favorable n’a toutefois pas empêché que ces relations, qui se voulaient imprégnées de confiance, d’amitié et de coopération mutuellement bénéfique, ne connaissent périodiquement des soubresauts menaçant les intérêts réciproques, même si l’on peut estimer a posteriori que leur impact a été chaque fois relativement limité dans le temps et par les effets produits.

On peut citer successivement dans ce chapitre, à l’ère Hassan II, les conséquences de l’affaire Ben Barka en 1965, la loi sur la marocanisation de 1973 (nationalisation des terres agricoles encore possédées par des colons français et instauration de la règle de majorité du capital marocain dans toutes les entreprises du pays), la vague d’indignation suscitée au Maroc par les positions peu appréciées dans les années 1980 de Danielle Mitterrand sur le Sahara reconquis par le Maroc ou encore la parution en 1992 du brûlot de Gilles Perrault Notre ami le roi, qui entachait le régime de Hassan II et heurtait une opinion publique incrédule.

Depuis le début du règne de Mohammed VI, d’autres tensions sont venues altérer le climat de confiance nécessaire à de bonnes relations, parmi lesquelles on peut citer :

  1. Les suites de l’instruction du dossier Ben Barka par les juges Jean-Baptiste Parlos en 2002 puis Patrick Ramaël entre 2005 et 2007, frustrés par ce qu’ils ont estimé constituer des blocages des autorités judiciaires marocaines pour l’aboutissement de commissions rogatoires internationales, ce qui n’a pas manqué d’affecter momentanément les relations entre les deux pays.
  2. Le mécontentement français à la suite de la décision de l’armée marocaine d’opter pour le F-16 américain au lieu du Rafale français, pour lequel les pourparlers étaient pourtant à un stade avancé.
  3. L’affaire Hammouchi, patron des services de sécurité marocains dont la convocation peu diplomate a provoqué une vive colère royale et l’indignation de l’opinion publique au Maroc.
  4. La position jugée peu équilibrée de la France sous la présidence d’Emmanuel Macron sur le conflit régional maroco-algérien, qui perdure depuis le déclenchement de l’affaire du Sahara. Les Marocains ne cachent pas en effet leur amertume de ne pas voir la France reconsidérer ses positions après la reconnaissance par les États-Unis, et d’autres pays de la communauté internationale dont Israël, de la « marocanité » de ces territoires, « marocanité » contestée par le Polisario et son principal soutien, l’Algérie.
  5. L’affaire Pegasus, par laquelle les médias et même les hautes autorités de l’Hexagone étaient convaincues de l’implication du Maroc dans l’espionnage de personnalités françaises malgré l’absence de preuves matérielles incriminant les services secrets marocains. Une conversation téléphonique entre Mohammed VI et Emmanuel Macron à ce sujet aurait selon certaines sources abouti à l’inverse de l’effet recherché et aggravé la tension entre les deux pays.
  6. L’affaire des visas, qui envenime depuis 2021 les relations entre les deux pays. Si l’on concède ici que chaque État est souverain pour fixer les règles d’entrée sur son territoire, c’est leur sens d’application jugé discriminatoire et punitif qui soulève la réprobation de la société civile et du monde des affaires au Maroc.

Autant d’épines rendant ardue une réconciliation entre les deux partenaires historiques, à plus forte raison que la donne géopolitique rend le Maroc peu prompt aujourd’hui à faire des concessions pour favoriser ce rapprochement.

 

Un contexte défavorable à la France

Trois facteurs sont de nature à encourager le Maroc à être plus exigeant et en meilleure position pour négocier de nouvelles bases pour ses relations avec Paris :

  1. La montée en puissance d’autres partenaires du Maroc, qu’ils soient commerciaux (Espagne notamment), politiques ou militaires (États-Unis et Israël), lesquels, pour renforcer leur présence, semblent plus disposés à adopter sa position dans l’affaire du Sahara et ne « titillent » pas le régime par leurs critiques sur les droits de l’homme, comme le font des organisations ou des médias français, alimentés il est vrai par quelques réfractaires au régime de Mohammed VI. La société civile marocaine, hormis un petit nombre d’intellectuels pas nécessairement francophiles, comprend assez mal ces critiques et les juge excessives, surtout comparé aux réactions molles voire au silence que suscitent les entorses aux droits de l’homme, à la liberté d’expression et aux principes démocratiques chez les voisins du Maroc.
  2. L’influence grandissante du Maroc en Afrique subsaharienne, que traduisent le renforcement de ses liens politiques et des accords de coopération à tous les niveaux ainsi que l’expansion des entreprises marocaines sur le continent, ce qui peut constituer un modèle de coopération Sud-Sud, affaiblissant par conséquent les positions de la France, partenaire privilégié des régimes en place. Cette percée du royaume peut sembler gêner à première vue les positions françaises, mais constitue en réalité une opportunité de les renforcer via un partenariat intelligent pour des projets communs.
  3. La baisse, amorcée depuis quelques années déjà, de l’influence géopolitique de la France en Afrique (remise en cause de sa présence militaire, montée de la contestation de sa conception de la coopération, percée de la Chine et de la Russie dans le continent…) et dans le monde arabe (accentuation de la présence américaine, marginalisation de son rôle dans la recherche de la paix au Moyen-Orient, etc.).

 

L’avenir incertain de la relation France-Maroc

Ces tensions risquent d’avoir un impact considérable sur les intérêts de la France en tant que partenaire historique et privilégié du Maroc. En effet, fort de l’intérêt que lui manifestent ses nouveaux partenaires, l’État chérifien semble plus confiant aujourd’hui dans son potentiel, loin de l’« interdépendance » prônée auparavant, ce qui pourrait l’inciter à être moins flexible dans la recherche de compromis pour la normalisation des rapports entre les deux pays, notamment sur le plan économique, militaire et même culturel.

C’est ainsi que de grandes entreprises françaises, jadis privilégiées sur le marché marocain, ont été déboutées de certains projets d’infrastructure ferroviaire (lancement de nouvelles lignes de train à grande vitesse), urbaine (extension des lignes de tramway) ou de dessalement d’eau de mer. De même, l’avenir d’autres entreprises françaises délégataires de services d’assainissement et de distribution d’eau et d’électricité dans de grandes villes (comme Lydec à Casablanca et Amendis à Tanger-Tétouan) semble incertain avec la création de sociétés régionales multiservices appelées à reprendre à leur compte la gestion publique des services concédés. Cette baisse d’attractivité des entreprises françaises doit toutefois être analysée au-delà de l’impact du contexte politique du moment, en intégrant des facteurs économiques tels que la compétitivité d’autres offres (qu’elles émanent d’entreprises européennes, turques ou chinoises) qui peuvent présenter une alternative sérieuse et à meilleur coût.

Concernant le volet militaire des relations, le Maroc semble non seulement orienter ses achats d’armement ailleurs (États-Unis, Turquie, Israël notamment), mais œuvrer désormais pour le développement d’une industrie d’armement en nouant des partenariats stratégiques avec de nouveaux partenaires tels que le Brésil et Israël, au point d’ambitionner de devenir une plateforme d’exportation vers l’Afrique, un des marchés cibles de l’industrie d’armement française.

À noter également : le risque d’affaiblissement culturel de la France au Maroc à travers le projet de généralisation de la langue anglaise dans l’enseignement (progressivement dès 2025). Il s’inscrit dans le cadre de nouvelles orientations pédagogiques qui tiennent compte des effets de la mondialisation, favorisant la langue de Shakespeare dans les domaines du commerce, de la culture et de la recherche scientifique.

La motivation officielle de cette décision est d’encourager la diversité culturelle, mais d’aucuns y voient une volonté politique de se défaire de l’héritage culturel du protectorat que le Maroc indépendant a perpétué par la consécration de la langue française comme deuxième langue officielle dans l’enseignement, l’administration publique et le monde des affaires.

 

Conclusion à la lumière des derniers événements

Le réchauffement des relations franco-marocaines, patent depuis le début de cette année, est un signal encourageant. Toutefois, il demeure encore en dessous des attentes du Maroc, que ce soit au niveau de la sphère politique ou simplement à l’échelon de l’opinion publique.

Sur la question du Sahara, la position de la France indispose en effet le Maroc, selon lequel la France devrait sortir de son exercice d’équilibriste pour reconnaître sans équivoque la marocanité de ses provinces du Sud, selon de nouvelles bases sous-tendant ses relations avec ses partenaires.

Côté opinion publique, le simple citoyen marocain, en dépit de l’annonce de l’assouplissement sur les visas, continue à peiner ne serait-ce que pour décrocher un rendez-vous pour déposer son dossier. Il faut cependant reconnaître que cette problématique concerne de nombreuses représentations diplomatiques européennes au Maroc.

Notons enfin qu’au Maroc, comme dans le reste du monde arabe, est très mal perçu l’appui de l’Occident (dont la France) à Israël dans sa campagne militaire dévastatrice de la bande de Gaza. L’opinion publique marocaine réprouve en effet la grande tolérance politique en France et en Europe dont jouit l’État hébreu, accusé de violations graves des droits de l’homme, et le traitement médiatique de ce qu’on n’hésite pas à qualifier de ce côté-ci de génocide.

Reste à espérer que les deux parties sauront œuvrer au plus vite pour aplanir ces entraves à de bonnes relations de partenariat, l’enjeu étant décuplé avec les perspectives de grands projets que devrait lancer le royaume chérifien pour honorer l’organisation tripartite, avec l’Espagne et le Portugal, de la Coupe du monde de football en 2030.

Mohamed Bouayad

 

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EN RÉPONSE
À MOHAMED BOUAYAD

 

Le regard porté par Mohamed Bouayad diffère du mien. Il exprime un point de vue marocain et, de plus, il adopte un grand angle. J’avais préféré me concentrer sur quelques mécanismes à l’origine, selon moi, des crises récentes. Ce qu’il nous livre est une sorte de tableau de la relation France-Maroc à travers le temps et tous secteurs confondus. Si l’on peut débattre de telle ou telle appréciation, ce tableau n’en est pas moins éclairant.

D’entrée de jeu, Mohamed Bouayad avance une idée que je voudrais saluer : à ses yeux, les progrès accomplis par le Maroc modifient la donne bilatérale et constitue un facteur clef expliquant beaucoup d’incompréhensions.

Les progrès marocains sont incontestables sur la longue durée et frappants dans la période récente. Ils concernent, comme je l’ai moi-même souligné, des domaines essentiels : l’obtention d’un large consensus intérieur, en gestation à la fin du règne d’Hassan II et manifeste depuis l’avènement de Mohammed VI, les avancées en matière d’infrastructures et de développement industriel et, enfin, les succès diplomatiques de Rabat, en particulier, depuis le début des années 2020, sur le dossier du Sahara.

La réussite économique d’un partenaire sur lequel il a « misé » ne peut que réjouir l’Occident et, en particulier, la France. En Asie, l’émergence de la Corée du Sud avait naguère, avec d’autres exemples, illustré la pertinence de son choix en faveur de l’économie de marché (puis, plus tard, du pluralisme) dans une région stratégique. Si elle est moins spectaculaire, parce que plus graduelle, l’émergence du Maroc n’en est pas moins solide et, elle aussi, précieuse sur le plan stratégique.

De tels progrès ne peuvent que rendre le Maroc moins dépendant de ses partenaires et plus exigeant à leur égard.

Côté français, du fait même de la proximité humaine entre les deux pays, ils éveillent des sentiments complexes. Dire que la France a souhaité les réussites marocaines serait en dessous de la vérité : elle les a désirés, parfois passionnément, et y a contribué autant qu’elle a pu. Mais elle subit le dilemme du grand frère : la réussite du cadet, que l’on a ardemment encouragée, provoque un moment d’inconfort.

L’égalité avec le Maroc, proclamée dans son principe dès l’indépendance, se fait plus réelle. Je rejoins Mohamed Bouayad sur ce point : les rapports doivent s’ajuster. L’ancien protecteur est moins consulté ; on a moins besoin de lui. Il est tenté de prendre pour de l’ingratitude ce qui n’est que le cours normal de la vie. Il ne réagit pas toujours bien, ce qui peut détériorer les rapports.

Il y a bel et bien là, comme l’affirme Mohamed Bouayad, une source de malentendu. Son point de vue complète la lecture que j’avais proposée, celle d’une incompréhension fréquente du Maroc par la France en raison d’une connaissance imparfaite de ce pays. Plus le rapport de forces s’équilibre, moins Rabat passe l’éponge sur les erreurs et ou maladresses de l’ancienne puissance coloniale.

Toutefois, je suis moins pessimiste que lui quant aux conséquences à moyen terme : je crois la France suffisamment attachée à sa relation avec le Maroc pour, à la fin, trouver la bonne attitude.

Mon seul désaccord majeur avec Mohamed Bouayad concerne l’appréciation qu’il porte sur les conséquences politiques négatives de contrats non remportés par la France, comme la vente des avions de chasse. Je n’ai rien observé de tel.

Ancien chef du service économique de l’ambassade de France à Rabat (2008-2012), j’ai pu constater combien les deux partenaires tenaient à ce que les échanges soient mutuellement fructueux. Ces échanges sont facilités par la proximité humaine des deux peuples. Celle-ci a pour avantage de contribuer à la réussite des projets communs, qui suppose entente et compréhension. Les Marocains sont les premiers à le rappeler et ils voient souvent dans les entreprises françaises des partenaires particulièrement ouverts et fiables. À égalité de rapport qualité-prix, cela joue en faveur de la France, notamment pour les projets complexes et difficiles. Pourquoi agir par la pression là où la facilité de communication opère si bien ?

Le Maroc reste un pays en développement, qui doit privilégier le rapport qualité-prix dans ses achats et décisions d’équipement. Les dirigeants français, à un certain niveau, le comprennent très bien.

Sur le plan linguistique et culturel, méfions-nous des jugements à l’emporte-pièce. La langue française occupe une large place dans l’enseignement, aux côtés de l’arabe, langue officielle du Maroc, de l’amazigh, langue berbère reconnue et promue, et de langues étrangères diverses, dont bien sûr l’anglais, qui progresse comme partout dans le monde. Le français reste synonyme d’ouverture et de qualité. Les autorités marocaines ont récemment adopté des décisions tendant à développer son enseignement au primaire.

Pour conclure, rappelons que la relation en a vu d’autres. Historiquement, la déposition du Sultan par un complot peu glorieux avait précédé et provoqué l’indépendance. Malgré des émeutes et une répression ayant fait des centaines de victimes (1953-1955), l’amitié n’avait pas été détruite – on serait presque tenté d’écrire « au contraire ».

Une fois libre et malgré maints soubresauts, le Maroc avait montré des preuves considérables d’attachement à la France. Peut-être, justement, parce qu’il sait pouvoir, dans cette relation hors du commun, nous dire « non ».

Dominique Bocquet

Notes et références

  1. Crédits illustration : OnePixelStudio

Dominique Bocquet

Dominique Bocquet

Il a été chef du service économique de l’ambassade de France au Maroc. Il enseigne à Sciences Po et à l’INSP. Dernier ouvrage paru : Pour une mondialisation raisonnée. Les révolutions discrètes de l’OCDE, La Documentation française, 2013.

Mohamed Bouayad

Mohamed Bouayad

Actuaire senior au sein du groupe de réassurance Scor.