Le président de la République a déclaré en mars dernier que la Russie menaçait l’Europe. Cela aurait dû être reçu comme une évidence, mais ce ne fut pas le cas. Une partie de la classe politique française trouve normal que la Russie viole les traités, envahisse l’Ukraine, y bombarde les populations civiles et agite partout les réseaux sociaux pour insulter nos dirigeants. Heureusement, pour nous éclairer, nous pouvons commencer cette revue de presse par l’analyse précise et méthodique que Gilles Andréani a publiée dans l’excellent Telos. Il démontre que la Russie, capable de nous menacer, nous est hostile, qu’elle entend nous diviser et nous désarmer. Pour s’y employer, elle bénéficie d’un atout précieux depuis l’élection de Trump. Si celui-ci se désintéressait de l’Ukraine, l’Europe devrait porter seule le poids de l’aide à ce pays. La question centrale étant de savoir si elle en aura la volonté et la capacité.
D’où le deuxième article retenu, auquel son auteur, Timothy Garton Ash, en le publiant en Angleterre, a donné un titre en français qui va droit au cœur, puisqu’il invoque Churchill et de Gaulle. Concrètement, il suggère, sous ce double parrainage, d’européaniser l’OTAN et d’étendre la portée des dissuasions française et britannique. On lira également dans ce numéro de Commentaire le texte de Raymond Aron, écrit et publié en 1973 au moment où les États-Unis semblaient se désintéresser de l’Europe : il montre la même direction, et TGA décrit les obstacles qui vont s’élever, car, comme le disait en substance Churchill à de Gaulle en 1958, c’est lorsqu’on n’est ni en temps de paix, ni en temps de guerre que l’entente entre amis est la plus difficile.
Dans un article récent, Nicolas Baverez dresse un bilan des idées du pape François. Nul ne doute de sa profonde compassion, mais il faut rappeler son pacifisme intégral et le fait qu’en dépit de l’invasion de l’Ukraine, il avait poursuivi un dialogue indulgent avec Poutine, attribuant aux « aboiements » de l’OTAN la responsabilité du déclenchement du conflit. Le pape Léon XIV paraît s’engager dans une voie plus attentive à l’Europe, et tout aussi concernée par l’avenir de l’humanité.
Sur la tragique guerre qu’Israël mène à Gaza contre le Hamas, l’interview de Samy Cohen dans Le Figaro est utile à lire : elle permet de comprendre l’opinion de la société et de l’armée en Israël.
Joseph S. Nye Jr. (1937-2025), un des professeurs les plus distingués du Department of Government de Harvard, s’en est allé. En traduisant l’un de ses derniers articles, saluons-le, et, en même temps, saluons son université que Trump menace.