Définir les dictatures totalitaires : c’est nécessaire, c’est possible

La « normalisation » totale depuis juin 2020 de Hong Kong et de sa population par le Parti communiste chinois ; le retour des talibans à Kaboul à l’été 2021 ; l’invasion de l’Ukraine en février 2022 par la Russie du KGB ; les menaces renouvelées d’invasion de Taïwan par la Chine ; la subordination totale de trois pays du Sahel par la milice Wagner et le KGB ; la déstabilisation du Moyen-Orient par l’Iran des ayatollahs ; les tirs répétés de missiles par la Corée du Nord pour intimider la Corée du Sud et le Japon : toutes ces évolutions géopolitiques inquiétantes s’inscrivent, selon Antoine Brunet, dans un même schéma d’agression de nos pays démocratiques par ce qu’il propose de nommer des « dictatures totalitaires ».

Mais qu’entend-il donc par là ? La plupart des politologues ne nous expliquent-ils pas qu’il est inutile, et par ailleurs impossible, de distinguer ces régimes en particulier parmi l’ensemble des dictatures ? Il éclaire ici son point de vue.

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Notes et références

  1. Gallimard, « Bibliothèque des sciences humaines », 2010.

  2. À signaler : la Chine est un cas très singulier, celui où le parti unique au pouvoir (le PCC), sans jamais renoncer à sa dictature totalitaire, a modifié, discrètement et progressivement, l’idéologie fondatrice qu’il imposait à sa population.

    Après la mort de Mao (1976) et sous l’influence de Deng, son nouveau no 1, le PCC renonça au collectivisme pour basculer soudainement dans le capitalisme. Dans le sillage de cette modification considérable, il s’imposait au PCC d’abandonner son idéologie marxiste-léniniste et son objectif proclamé d’instaurer le socialisme à l’échelle mondiale. Le PCC lui substitua alors une autre idéologie, celle que l’on peut désigner comme le « nationalisme-particratisme » : il proclama avec Deng que son objectif (que la population chinoise se devait d’admettre) consistait à rétablir l’hégémonie mondiale de la Chine (celle dont la Chine aurait disposé jusqu’aux années 1830 selon le parti). Pour réaliser un objectif aussi ambitieux, la population chinoise « se devait » de déléguer définitivement tous les pouvoirs à son élite autodéclarée, le PCC.

     

     

    Crédits photos : Wikimédia Commons.

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Antoine Brunet

Antoine Brunet

Antoine Brunet a d’abord fait une longue carrière dans le secteur bancaire comme économiste chargé des prévisions économiques. Cela l’a amené à découvrir dès 2004 que le Parti communiste chinois avait élaboré et mettait en pratique une stratégie très particulière de déstabilisation, par l’économie, des États-Unis et des autres pays démocratiques. En 2004, 2005 et 2006, son analyse économique fut classée première au classement annuel Greenwich de la Place de Paris.

Après avoir quitté la banque en 2007, il créa et dirigea une entreprise d’analyse économique internationale, AB Marchés, dont l’originalité consistait à mettre cette stratégie de Pékin au centre des analyses.

En 2011, devenu aussi géopolitologue, il publia avec Jean-Paul Guichard, professeur d’économie à l’université de Nice, La Visée hégémonique de la Chine (L’Harmattan). Ce livre s’avéra prémonitoire :  il caractérisait le régime de Pékin comme demeurant une dictature totalitaire ininterrompue depuis 1949 ; il annonçait que la Chine rivaliserait vite à parité avec les États-Unis avant qu’elle ne postule à l’hégémonie mondiale.

En septembre 2022, il publia, avec trois autres auteurs, le livre Ce que révèle l’invasion de l’Ukraine (L’Harmattan).