GESTION DE LA PANDÉMIE
ÉCONOMIE ET GÉOPOLITIQUE
Macroéconomie du coronavirus
Viven Lévy-Garboua et Gérard Maarek
Vivien Levy-Garboua et Gérard Maarek décortiquent et clarifient les mécanismes économiques à l’œuvre dans la crise actuelle dont ils soulignent qu’elle constitue moins une crise sanitaire qu’une crise liée à la décision publique de confinement. Ils identifient trois scénarios de sortie de crise (retour à la normale, incertitude persistante et deuxième vague) mais démontrent que, même dans le premier scénario, le capital fixe disponible diminue, du fait de l’augmentation des faillites, entraînant le PIB dans sa chute. A contrario de l’activité réelle qui baisse, les encaisses monétaires augmentent avec le quantitative easing. Les auteurs expriment la crainte que cette configuration ne conduise à un retour de l’inflation et à une hétérogénéité accrue des performances économiques nationales, qui devraient générer des désajustements monétaires internationaux et accentuer la fragmentation du monde. [Lire l'article]
Covid-19 : le monde économique d’après
Philippe Ithurbide et Dider Maillard
Philippe Ithurbide et Didier Maillard identifient cinq scénarios de sortie de crise (récession durable, récession brutale mais courte, croissance durablement affaiblie, reprise en V, reprise en W) qui recoupent, moyennant certains regroupements, les trois scénarios de Vivien Levy-Garboua et Gérard Maarek. Les auteurs portent moins leur attention sur les mécanismes économiques à l’œuvre que sur les changements structurels qui pourraient caractériser l’après-Covid-19 : interventionnisme sanitaire, alimentaire et logistique accru ; télétravail et digitalisation accélérée ; monétisation durable de la dette publique et répression financière ; difficultés croissantes des États clientélistes ; retour en vogue des vieilles lunes (ISF, prélèvement sur les hauts revenus et les multinationales, annulation des dettes…) ; valeur fortement accrue de la vie humaine ; trajectoires et performances divergentes des économies nationales contribuant à la décomposition du monde… [Lire l'article]
Le virus, la relance, l’écologie et l’Europe
Bruno Durieux
Bruno Durieux s’inquiète de l’instrumentalisation de la crise sanitaire et de ses conséquences économiques qui serviraient à l’assomption de l’écologisme en idéologie totalitaire, ayant la clé de tous nos maux quels qu’ils soient, y compris la pandémie : le capitalisme et le marché. Il craint notamment que cet écologisme ne prenne prétexte de la crise sanitaire actuelle pour embarquer nos sociétés dans la peur et le catastrophisme. Loin de favoriser une sortie de crise, l’écologisme ne ferait que nous plonger un peu plus dans la crise en misant sur la peur et en favorisant les solutions de décroissance et les solutions strictement nationales (en privilégiant notamment une stratégie de taxation tous azimuts), aux dépens de la croissance économique et de la coopération internationale. Loin de rapprocher les peuples, il contribuerait à l’éclatement du monde. [Lire l'article]
Économie et politique. De la crise du libre-échange
Maurice Allais
C’est la période de tous les dangers, au cours de laquelle il faut veiller attentivement à ne pas tomber dans le piège des attraits douteux des mauvaises solutions. Pour aider à la réflexion sur la reconstruction de l’économie mondiale, nous proposons de relire un texte de Maurice Allais, qui n’a rien perdu de son actualité : bien que rédigé en 1998, il anticipe étonnement les débats critiques récents sur le libre-échange à l’échelle mondiale. [Lire l'article]
La pandémie remodèle-t-elle la géopolitique ?
François Heisbourg
Une des leçons du premier semestre de 2020, c’est qu’il est trop tôt pour se hasarder utilement à des prévisions sur les conséquences géopolitiques de la phase actuelle de la pandémie de Covid-19. Quelques semaines plus tard, l’air du temps avait changé, avec des propos non moins définitifs sur la force de la Chine par comparaison avec une Amérique à la dérive et une Union européenne à la ramasse ; voici le point de départ de la réflexion menée par François Heisbourg. [Lire l'article]
Le système international d’après
Liberté et réalisme ?
Bernard de Montferrand
La crise sanitaire mondiale a jeté une lumière crue sur des relations internationales en grand désordre et sur une inquiétante montée des dangers. Au moment où le vaste mouvement de la mondialisation et les interdépendances qu’il crée exigent des règles et une gouvernance mondiale pour dialoguer et coopérer c’est le contraire qui semble se produire. Nous redécouvrons que le monde est un terrain de jeu dangereux. Sommes-nous pour autant condamnés à subir cette dérive inéluctable comme beaucoup nous le prédisent ? Est-il encore temps d’en reprendre les fils pour conserver notre liberté et celle des Européens, si malmenée ? [Lire l'article]
POLITIQUE FRANÇAISE
Macron, les écologistes et l’écologie
Philippe Raynaud
Alors que l’année 2019 avait été marquée par les mobilisations « sociales », la période qui a suivi immédiatement la fin du « confinement » et de la « première vague » de l’épidémie a vu, brièvement peut-être, le retour des questions écologiques au premier plan de la vie politique. Il s’est traduit par la coïncidence entre deux événements distincts : la présentation des 149 propositions de la « Convention citoyenne pour le climat » et l’élection de maires « écologistes » à Bordeaux, Lyon et Strasbourg, à quoi il faut ajouter la réélection à Paris d’Anne Hidalgo, dont la campagne et le programme étaient en fait plus « écologiques » que « sociaux ». Tout cela a lieu par ailleurs dans un contexte global dans lequel les questions d’environnement pèsent d’un poids nouveau dans la formation des clivages politiques des démocraties et dans l’évolution des conditions de l’action publique. Contrairement à ce que certains imaginaient, le changement de gouvernement ne s’est accompagné d’aucun signal important en direction de « l’aile gauche » de la majorité, qui est aussi la plus favorable aux thèmes écologiques, mais cela ne signifie pas que la montée de ces thèmes n’ait pas eu d’importance dans l’évolution de la politique suivie depuis 2018 par Emmanuel Macron. [Lire l'article]
Valéry Giscard d’Estaing ou le centre en majesté
Jean-Louis Bourlanges
Le 19 mai 1974, Valéry Giscard d’Estaing est élu président de la République française au terme d’un rude combat contre son concurrent gaulliste, et contre François Mitterrand. Ce scrutin s’inscrit dans un double mouvement décennal d’unification des droites et de subversion graduelle du gaullisme partisan par les forces centristes et modérées. Valéry Giscard d’Estaing entend conduire cette évolution à son terme et, en intégrant à la majorité les forces résiduelles de la démocratie chrétienne et du radicalisme, déplacer suffisamment le centre de gravité de la majorité pour y substituer une dominante orléaniste ou tocquevillienne à la dominante bonapartiste du gaullisme. [Lire l'article]
LA CHINE ET LE MONDE
Un panda dans la pièce
Pékin entre communisme et mondialisation
Marianne Gray
En 1814, un poète et fabuliste russe, Ivan Krylov, publia une histoire intitulée « L’homme inquisiteur » racontant la visite d’un musée par un homme qui remarqua toutes sortes de petites choses, sans voir l’éléphant, pourtant bien présent au milieu de la pièce. Fiodor Dostoïevski immortalisa ce conte en y faisant référence dans son roman Les Possédés : « Belinski était tout comme l’homme inquisiteur de Krylov, qui n’avait pas remarqué l’éléphant dans un musée, ayant concentré toute son attention sur les scarabées français ; et il n’est pas allé plus loin. » L’image de l’éléphant dans la pièce fut popularisée en anglais, en 1882, lorsque Mark Twain en fit l’intrigue d’une histoire intitulée The Stolen White Elephant. Diplomatie du panda oblige, nous pourrions imaginer que l’épopée de ce conte se poursuit, après l’Oural et la Floride, vers le Hubei et le Sichuan, où l’éléphant croiserait un « grand ours chat »… [Lire l'article]
La Chine : un hégémon bienveillant
François Gipouloux
L’émergence de la puissance chinoise s’est accompagnée en Chine d’une élaboration théorique dans le domaine des relations internationales. La Chine entend peser sur la définition de normes et de règles susceptibles de faire pièce au système westphalien. Elle puise pour ce faire dans les ressources de la philosophie confucéenne et réécrit, de façon souvent tendancieuse, l’histoire des relations de l’empire et de ses voisins. Dans un contexte altéré par l’épuisement de la mondialisation et la montée du multilatéralisme, un « modèle chinois » de gouvernance mondiale émerge-t-il de cette nébuleuse dans laquelle sont mobilisés plusieurs concepts comme ceux de « communauté humaine sous le ciel » (tianxia) et d’harmonie ? [Lire l'article]
Les nouvelles routes de la soie
Jacques Pelletier
Qu’entend-on par nouvelles routes de la Soie ? L’expression provient du discours de Xi Jing Ping en 2013 – soit quelques mois après sa prise de pouvoir – à Astana au Kazakhstan. « Il s’agit de promouvoir l’amitié de peuple à peuple et de créer un meilleur avenir. » Sept ans plus tard où en sommes-nous ? Quelles formes emprunte ce vaste projet, appelé encore One Belt One Road ou Belt and Road Initiative ? Quels dangers présente-t-il ? Quel peut être son avenir ? Laissons l’auteur les examiner d’un œil froid sans nous préoccuper de la nature du régime chinois. [Lire l'article]
La fine membrane entre la liberté et le totalitarisme
Zhang Jieping
« La Chine m’inquiète », disait un humoriste des années 1950, quand elle effrayait les uns et fascinait les autres. Depuis, elle est devenue un être étrange, d’un côté communiste sans économie communiste avec un parti unique tout-puissant, de l’autre capitaliste, productiviste et mondialiste. Dualité inédite, jusqu’à présent l’autarcie allait de pair avec la dictature. Par ailleurs, la Chine effraie ses voisins, cajole l’Afrique et dispute à l’Amérique l’hégémonie mondiale. Enfin, elle s’irrite des libertés, qui régnaient à Hong Kong, plus qu’à Pékin ! À Hong Kong justement une journaliste, Zhang Jieping, a publié un article qui mérite l’attention. Nous le recommandons à ceux qui croient que tous les hommes n’aspirent pas à la liberté, il démontre – s’il fallait encore le prouver – que les Chinois sont nés et doués pour la liberté, et que leur espoir mérite d’être partagé. [Lire gratuitement l'article]
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