HISTOIRE
La cassation et la révision
du procès de Jeanne d'Arc
Jean-Pierre GRIDEL

Jeanne d'Arc a été le sujet de trois procès. La deuxième décision – à Rouen, en 1456 –, seul objet de cet article, fut plus juridique dans sa démarche et dans sa rédaction : entreprise sous le paravent d'une requête de la mère et des frères de Jeanne en révision du premier procès, mais seulement en ce qu'il avait chargé la défunte d'attitudes peccamineuses par le biais de nombreux dols et irrégularités de procédure, elle est assise sur des exigences processuelles supérieures et intemporelles outrancièrement bafouées lors de l'instance antécédente : pas d'accusation sans preuve crédible, sans respect du principe de la contradiction, à appliquer notamment aux pièces sur lesquelles on prétend se fonder, manque des réponses nécessaires aux demandes ou aux objections pertinentes… À ces égards, ce vieil arrêt présente des traits d'une étonnante modernité. J.-P. G. [Lire gratuitement l'article]
Positivisme et religion de l'Humanité en Angleterre
Éric SARTORI

Pour avoir une idée de ce qu'a été – ou aurait pu être – la religion de l'Humanité, évolution ultime du positivisme comtien, ce n'est pas aux positivistes français, plutôt intellectuels et universitaires, ni aux Brésiliens, plus politiques, qu'il faut s'adresser, mais aux positivistes anglais. Cette histoire oubliée du positivisme anglais – que j'ai brièvement abordée dans un numéro précédent de Commentaire (n° 166, été 2019) à propos de L'Autre George, À la rencontre de George Eliot, le beau livre de Mona Ozouf – présente quelque intérêt : un petit groupe d'hommes et de femmes a vraiment vécu, durant une génération, une foi positiviste, et ils n'ont pas été sans influence. É. S. [Lire l'article]
Le Second Empire ou l'impossible dépersonnalisation du pouvoir
Vincent FERÉ

On dira naturellement que le Second Empire est mort d'avoir instrumentalisé la question nationale : né d'un coup d'État militaire, il disparaît sur le champ de bataille de Sedan où, on le saura après, Napoléon III a voulu mourir. Mais, plus profondément, le nationalisme de l'Empire visait à réconcilier les deux France, ce qui signifiait, pour paraphraser Prévost-Paradol, trouver « la forme de gouvernement » adaptée à « la société fondée par la Révolution » afin de l'achever. Dès lors, les causes de son échec se situent au-delà de ses contradictions et de la défaite contre la Prusse : n'est-il pas le symbole d'un régime qui, en dépit de la volonté de Napoléon III de le libéraliser, n'a pas pu dépersonnaliser le pouvoir ? V. F. [Lire l'article]
LES CLASSIQUES DE LA LIBERTÉ (LXXXII)
Anciens et Modernes :
de la liberté selon Benjamin Constant
Éric ANCEAU et Flavien BERTRAN DE BALANDA

La conférence de Benjamin Constant « De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes » est un des grands textes classiques du libéralisme français, qui donne une version puissante et saisissante de ce qui fait l'originalité et la substance du libéralisme. Éric Anceau et Flavien Bertran de Balanda analysent ici sa place dans l'œuvre de Constant avant de montrer sa pertinence pour nos débats d'aujourd'hui. [Lire l'article]
Aron : la sagesse et l'action
Giulio DE LIGIO

Comme chaque année, à l'hiver, notre revue rend hommage à Raymond Aron, autour duquel nous nous sommes réunis pour créer Commentaire en mars 1978. Avec Pierre Hassner, il nous paraissait depuis longtemps que l'ouvrage d'Aron Les Désillusions du progrès pouvait être considéré comme « un classique de la liberté ». Giulio De Ligio le démontre. [Lire l'article]
CHRONIQUES
Des poids et des mesures
André PERRIN

André Perrin poursuit dans ce numéro sa chronique des postures ordinaires. Parce que la période en est particulièrement féconde, et que le distrayant exercice relève d'une certaine hygiène intellectuelle, notre cher auteur n'a pas manqué de prises. [Lire l'article]
50 échos à Josquin
Gil DELANNOI

Josquin des Prés est né vers 1450 et mort en 1521, 500 ans avant 2021, présente année d'une commémoration discrète. En voici un portrait en 50 notes, une par décennie écoulée. G. D. [Lire gratuitement l'article]
Court plaidoyer pour revoir un film
Gérard KARSENTY

Il existe une catégorie toute particulière de films qui transcende toutes les autres ; ces films diffèrent pour chacun d'entre nous, mais ont le pouvoir de nous toucher au plus profond de notre personnalité, de faire bruire notre âme, sans que nous comprenions souvent pourquoi. Ce sont les films à revoir sans cesse. G. K. [Lire l'article]
Peinture et poésie :
des noces de papier
Benoît FORGEOT

Une enchère « hénaurme », pour parler comme Flaubert, deux publications récentes et les dispersions au long cours des bibliothèques Destribats et Kahn invitent à se pencher sur les relations des poètes et des peintres au xxe siècle – un dialogue fécond par le livre et l'un des secteurs les plus vivants du marché de la bibliophilie. B. F. [Lire l'article]
