L'actuel président de la République s'est reconnu – ou s'est laissé attribuer – plusieurs modèles en politique : Bonaparte, de Gaulle, ou, plus proche de nous, Jean-Pierre Chevènement et Michel Rocard, pour ne citer qu'eux. Il a dit l'influence que certains intellectuels ont exercée sur lui, à l'image du philosophe Paul Ricœur dont il fut un temps le jeune collaborateur. On a pu discerner, parmi d'autres sources, l'École saint-simonienne par exemple selon Jean-Noël Jeanneney, ou Nicolas Machiavel, d'autres inspirateurs réels et durables. Or, il est une personnalité de la vie politique qui, bien qu'en partie oubliée aujourd'hui, pourrait légitimement trouver sa place dans le Panthéon macroniste : René Waldeck-Rousseau, ministre et président du Conseil dans les premiers temps de la IIIe République. Certes, il ne s'agit pas de pousser trop loin le jeu de la comparaison entre deux personnalités singulières et au tempérament très différent, mais de mettre l'accent sur de réelles concordances, à la fois dans la formation qu'ils ont reçue, dans les conditions de leur accès au pouvoir et jusque dans les choix politiques qu'ils font une fois aux affaires. Nous pourrons ainsi faire ressortir Waldeck derrière Macron et, en ombre chinoise, la Défense républicaine de 1899 derrière La République en marche de 2017.
Les années d'apprentissage Les deux hommes tiennent à leurs racines provinciales, ancrées dans le milieu de la bourgeoisie, plus installée pour Waldeck, plus récente pour Macron. Le premier n'a jamais aimé Paris qu'il voyait, dès son...