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Un expert engagé : Zbigniew Brzezinski (1928-2017)

Jim Hoagland

N° 159 Automne 2017

Article


À la fin des années 1950, trois jeunes vedettes s'illustraient à Harvard : Henry Kissinger, Zbigniew Brzezinski et Stanley Hoffmann. Tous trois s'intéressaient aux relations internationales, à la politique mondiale comme on dit aujourd'hui. Deux ont atteint la plus grande renommée politique et médiatique. L'un, Stanley Hoffmann, resté un universitaire, n'aura atteint que la gloire académique, qu'il préférait sans conteste. Il est disparu voilà deux ans, et Commentaire lui rend hommage par un livret que ceux de nos lecteurs qui ne sont pas abonnés pourront se procurer à la revue.Zbig (c'est ainsi qu'on le nommait sur les campus ou dans les couloirs de la politique) est mort le 26 mai dernier. Seul de la triade, Henry Kissinger survit, à qui on doit prêter longue vie. Il faut associer leurs trois noms car ils avaient en commun, outre leur extrême compétence en politique internationale, le souci de combiner l'esprit d'analyse et le sens des responsabilités politiques, c'est-à-dire de toujours savoir ce que l'on peut faire avant de préconiser ce que l'on doit.Zbigniew Brzezinski était né en 1928 en Pologne. Il est bien connu de nos lecteurs pour le rôle qu'il a joué dans la politique étrangère des États-Unis, par ses livres, dont beaucoup ont été traduits en français, et parce qu'il a souvent contribué à notre revue. Le prix Tocqueville lui avait été décerné en 2011, et, à cette occasion, en lui remettant ce prix, Valéry Giscard d'Estaing avait rappelé que Brzezinski avait été le premier grand expert à souligner la nature de ce que l'on appelle la « mondialisation » et à en évaluer les périls en l'absence d'une gouvernance mondiale. Sa lucidité pénétrante, son courage tranquille, sa volonté de dessiner une politique bipartisane manqueront désormais aux États-Unis (qui en auraient bien besoin) et dans cette Europe où plongeaient ses racines. Ceux qui suivent la politique mondiale continueront longtemps de se référer à lui et, dans ces colonnes, nous reviendrons certainement sur son œuvre.Nous avons voulu, pour saluer immédiatement sa mémoire, traduire et publier l'article que Jim Hoagland a écrit au lendemain de son décès et qu'il a publié dans le Washington Post du 28 mai. Écrit à chaud, par un journaliste qui connaissait et admirait Zbig depuis longtemps – il l'avait connu à Columbia –, cet article a le mérite, comme un film, par une série d'images successives, de faire réapparaître et revivre la personnalité, la vivacité et la verve de Zbig. Nous le remercions d'avoir bien voulu nous prêter son concours pour rendre ce témoignage sur un des meilleurs esprits politiques de notre temps.

J.-C. C.

Zbigniew Brzezinski, combatif et visionnaire spécialiste de politique étrangère, aida Jimmy Carter à entrer à la Maison-Blanche en 1976 puis à traverser une série de crises internationales, qui contribuèrent largement à la défaite de Carter aux élections quatre ans plus tard. Il est mort le 26 mai à l...

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