Livre référencé : Pierre Jourde : C'est la culture qu'on assassine. (Balland, 2011, 284 pages.)
Il n'est jamais très facile, dans le milieu littéraire comme dans tout autre milieu, de suivre son chemin sans verser jamais dans la moindre compromission. Ou bien il faut s'armer du plus extrême rigorisme, mais ce rigorisme même peut s'avérer dangereux, sans être pour autant d'une parfaite moralité. La dénonciation rituelle des petits travers de la vie littéraire finit par faire partie du folklore, elle nous mithridatise et rend donc finalement normaux, acceptables des comportements qui ne devraient pas l'être. Le rigorisme qui consiste à considérer que tout le milieu est gangrené sert objectivement la corruption, puisqu'il justifie les cyniques : si tout le monde est corrompu, ils ne le sont pas plus que les autres. Dès lors, pourquoi se gêner ? Mais vivre, c'est accepter des compromis, qui ne sont pas nécessairement immoraux. La vie littéraire m'a appris qu'on rencontrait partout des dilemmes : dois-je accepter de participer à cette émission télévisée, que je méprise, par fidélité à mon petit éditeur pour qui c'est important, ou refuser par fidélité à moi-même ? Le texte qui suit tente de décrire ces petits problèmes éthiques qui se posent constamment dans le milieu, et la manière dont on tente de faire en sorte que compromis ne soit pas compromission. Il est difficile, voire suspect, de se réclamer de l'honnêteté absolue. Elle est un horizon plus qu'un état. Ces lignes écrites il y a quelques années, je les signerais encore aujourd'hui. L'esprit n'a pas changé. Ce sont les problèmes qui se renouvellent sans cesse. P. J.
Il n'est jamais très facile, dans le milieu littéraire comme dans tout autre milieu, de suivre son chemin sans verser jamais dans la moindre compromission. Ou bien il faut s'armer du plus extrême rigorisme, mais ce rigorisme même peut s'avérer dangereux, sans être pour autant d'une...