La mise en cause de l'esprit français paraît s'accroître, dans le pays et dans le monde : l'enjeu est majeur car la façon dont les savoirs et les arts sont traités en France et au nom de la France n'a pas seulement un impact « culturel », ou « universitaire », comme on le croit souvent. Bien au contraire, ce que l'on recouvre sous les catégories de « culture » et d'« enseignement supérieur et recherche » contribue largement à la place de la France dans le monde – aussi bien en termes politiques qu'économiques. Cette place doit être mise en relation avec un patrimoine matériel et immatériel unique, et avec des lieux de création contemporaine de premier plan.Autant une grande partie de notre prestige est liée à l'importance de ce patrimoine et de cette création, autant les institutions publiques chargées de leur gestion se trouvent confrontées à une situation critique, liée à la baisse des engagements de l'État, dont elles émanent, et à la nécessité de se repenser.Ce contexte révèle une tension aiguë : soit décider, dans les domaines des arts et des savoirs, qui constituent des grands avantages comparatifs pour la France, de conserver le modus operandi actuel et d'accepter les coupes infligées aux financements, sans prendre en considération le rôle crucial qu'ils tiennent dans la situation globale du pays ; soit trouver des manières de s'adapter, de changer les structures, et donc de faire beaucoup plus avec, souvent, beaucoup moins d'argent public.Ce dossier, dont nous avons confié la conception et la préparation à Donatien Grau, part d'un triple constat : celui de cette situation critique ; celui de la communauté existant, autour de cette coalescence des arts et des savoirs, entre des domaines généralement considérés séparément, mais réunis dans ce dossier : la « culture », la « diplomatie culturelle », et l'« enseignement supérieur et la recherche » ; celui, enfin, de l'apparition d'une nouvelle génération de décideurs publics qui repensent les catégories de l'action publique dans ces domaines.Nous avons fait le choix de présenter ce dossier à nos lecteurs en deux fois. Notre numéro de printemps accueillera les contributions de Paul Rondin, Véronique Cayla, Thierry Grillet, Laurent Burin des Roziers, Bernard Grau, Anthony Chaumuzeau, Laurent Ferri, Édouard Husson et François TaddeiNous leur ouvrons nos pages afin de présenter les modalités de leur action et, par ce biais, pour repenser ce secteur chaque jour plus crucial pour l'intelligence, l'économie et la politique de notre pays. De la diversité kaléidoscopique des analyses se dégagent de prometteuses similarités, dans les ambitions et les propositions. COMMENTAIRE
Éric DE CHASSEY, Pour une politique artistique durable Nous pourrions céléber cette année le cent-cinquantenaire du Salon des refusés. Nulle célébration officielle n'est pourtant prévue, pour un événement qu'on...