Le rôle d'Assad dans le conflit en Syrie et dans son règlement éventuel se prête à des prises de position à l'emporte-pièce. En mettant l'exigence de son départ au centre de leur rhétorique, nos dirigeants ont en fait tactiquement rendu plus difficile l'éviction du personnage, puisqu'ils heurtaient de front l'aversion pour le regime change largement répandue de par le monde. En reprochant aux gouvernements occidentaux de trop « personnaliser » la question syrienne, les critiques ont empêché de voir qu'en effet, la plupart des fils du drame syrien remontent à, et se nouent autour de, la personne du Président, même réduit de facto à un rôle de seigneur des seigneurs de guerre.Nous avons demandé à Michel Duclos, ancien ambassadeur à Damas (2006-2009), auteur d'une note remarquée pour l'Institut Montaigne en juin de cette année sur la Syrie (« Syrie : en finir avec une guerre sans fin »), de donner son sentiment.
Un paradigme immuableUn ami syrien, fin connaisseur des arcanes du régime de Damas, me disait récemment : « Il paraît que certains de vos hommes politiques, parmi les plus éminents, estiment qu'Assad n'est pas l'ennemi du peuple français. L'ambassadeur Delamare1, Michel Seurat2, les soldats du Drakkar3 ou les...