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Manifeste de 1874

LA COMMUNE REVOLUTIONNAIRE

N° 133 Printemps 2011

Chroniques


Boris Souvarine accordait une grande attention et une grande importance, pour l’histoire
du socialisme et du communisme, aux quatre volumes de l’imposant recueil de
James Guillaume : L’Internationale. Documents et souvenirs (1872-1878), publié en
1905 et 1909 (et depuis réédité par Lebovici). J’avais remarqué dans le troisième
volume un commentaire de Guillaume sur les révolutionnaires français : « En juin
[1874], écrit-il, un groupe de blanquistes réfugiés à Londres publia un manifeste renfermant
le programme du parti. Les blanquistes se déclaraient athées, communistes, révolutionnaires.
Le Bulletin marqua en ces termes les différences qui lui paraissaient
séparer la doctrine blanquiste des idées de l’Internationale ». Suivait le texte d’un article
du Bulletin de l’Internationale, dans lequel on voyait que l’Internationale reprochait
avant tout aux révolutionnaires français leur étatisme : ainsi, dit le Bulletin, par
communauté, « nous avons peur qu’ils veuillent dire l’État. Nous, nous pensons et
nous disons les travailleurs associés », par dictature du prolétariat, ils [les Français]
entendent « dictature d’un comité de salut public, entre les mains duquel la Révolution
aura abdiqué ».
Nous avons longtemps cherché ce manifeste blanquiste. Nous l’avons enfin trouvé
dans le livre de Maxime du Camp sur la Commune. L’ami de Flaubert, évidemment,
s’en horrifie et le publie à charge pour dénoncer les proscrits qui persistent dans leurs
idées. Si nous le reproduisons ici, c’est parce qu’il nous paraît intéressant dans ce qu’il
a de spécifiquement français. Il illustre cette veine révolutionnaire qui vient de 1793
et dont on retrouve des échos chez Badiou, Besancenot, Mélenchon et autres, échos
affectés ou authentiques, peu importe, mais qui imprègnent la gauche de la gauche en
France et qui la rendent bien différente de celle des autres pays. Les caractères propres
à cette extrême gauche expliquent peut-être la persistance idéologique de cette sensibilité
après la fin du parti communiste, qui l’avait contenue et enrégimentée, et après la
fin de l’autre Internationale, celle dont le centre était à Moscou.
Voici donc ce texte. Maxime de Camp, qu’il faut remercier de l’avoir conservé, précise
en note qui sont les signataires.
Cournet, Viard et Vaillant ont été membres de la Commune ; Eudes, général, membre
de la Commune, a fait partie du dernier Comité de salut public ; Huguenot, Sachs, Breuillé, Dacosta, ont été les substituts de Raoul Rigault ; Gausseron a été juge d’instruction
; Gois a présidé la cour martiale ; le colonel Ledrux a été gouverneur du fort
de Vanves ; Goullé a été chef d’escadron d’état-major ; Mortier, du Comité central,
était délégué à la mairie du XIe arrondissement ; A. Moreau était secrétaire général à
l’inspection des ambulances ; Constant Martin a été secrétaire général à la délégation
de l’enseignement, et Granger a fourni les fonds à l’aide desquels Blanqui organisa le
complot de la Villette, complot qui permit à Émile Eudes de se faire connaître.

J.-C. C.

Aux Communeux ! Après trois ans de compression, de massacres, la réaction voit la terreur cesser d'être entre ses mains affaiblies un moyen de gouvernement. Après trois ans de pouvoir absolu, les vainqueurs de la Commune voient la nation, reprenant peu à...

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