Mark Lilla enseigne la philosophie politique à Columbia University à New York. Il collabore régulièrement à la New York Review of Books et réside souvent en France. Il a dirigé un livre sur la philosophie politique en France (New French Thought: Political Philosophy, Princeton Legacy Library, réédition 2014). Il avait, en 2001, fait paraître un ouvrage plus général : The Reckless Mind: Intellectuals in Politics (New York Review of Books) qui, comme le titre l'indique, traite des intellectuels en politique. Ils y rencontrent la tyrannie et souvent ils s'en font les défenseurs (comme, par exemple, Heidegger, Kojève, Schmitt, Sartre ou Foucault). Ce livre n'a malheureusement pas été traduit en français. Pour nos lecteurs, Mark Lilla a bien voulu nous autoriser à traduire et à publier les pages qui suivent. Elles expliquent pourquoi, de Platon à nos contemporains, des intellectuels cèdent à cette tentation.
La tentation de Syracuse Lorsque Platon s'embarqua pour Syracuse, vers 368 av. J.-C., ses sentiments, de son propre aveu, étaient très partagés. Il y était déjà allé une première fois, au temps où la cité était encore gouvernée par Denys l'Ancien, tyran redoutable, et n'était guère...