HHhH, acronyme de Himmlers Hirn heisst Heydrich qui signifie « Le cerveau de Himmler s’appelle Heydrich », raconte l’histoire de l’Opération Anthropoid, au cours de laquelle deux résistants tchécoslovaques furent envoyés par Londres pour assassiner, en 1942, le planificateur de la Solution finale, Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo et des services secrets nazis à Prague. Laurent Binet fait partie, avec Jonathan Littell (Les Bienveillantes, Gallimard, 2006), Yannick Haenel (Jan Karski, Gallimard, 2009) ou Bruno Tessarech (Les Sentinelles, Grasset, 2009), d’une génération d’auteurs qui écrivent sur la Seconde Guerre mondiale. Leur approche plus ou moins romancé, pose une question classique – accentuée par le fait que certains abordent le drame de l’extermination des Juifs –, celle du rapport toujours tendu entre Histoire, roman et fiction. Dans cet entretien, Laurent Binet reprend, sous deux angles, son rapport à la vérité. Il développe ainsi d’abord, en tant qu’auteur, son écartèlement entre un respect scrupuleux pour l’Histoire et une envie parfois irrépressible d’imaginer. Il explicite, ensuite, en tant qu’enseignant, sa position face à Internet. N. S
Nathalie SAVARY et Laurent BINET, Le romancier et l'Histoire Entretien Laurent Binet, HHhH. (Grasset, 2009, 440 pages) Nathalie Savary. — D'emblée, dès la première page, vous posez le cadre, le fil sur lequel vous vous tenez en évoquant Kundera et...