Le centenaire de Daniel Bell
David A. Bell
N° 168 Hiver 2019
Article
Quand Commentaire fut créée, Raymond Aron demanda à trois grands intellectuels américains : Daniel Bell, Nathan Glazer et Irving Kristol, tous trois proches de lui par l'attention qu'ils portaient à l'analyse des sociétés libres et par le combat qu'ils menaient pour les défendre contre le communisme, de faire partie de notre comité de patronage. Ils acceptèrent et nous en sommes fiers. Ils sont tous les trois disparus, mais ils restent présents par leur œuvre et par les combats qu'ils menèrent. Nous publiâmes souvent leurs articles, notamment ceux de Daniel Bell qui, jusqu'à la fin de sa vie, resta curieux de notre revue qu'il lisait attentivement et qu'il guida souvent. Aussi, lorsque son fils David A. Bell, par ailleurs éminent historien de la France moderne, nous proposa de traduire l'essai qu'il consacrait à son père pour le centième anniversaire de sa naissance, nous sommes-nous réjouis de pouvoir le publier et de permettre ainsi à nos lecteurs de commémorer et d'admirer une figure attachante et un grand penseur américain du xxe siècle qui dans les tourments du xxie siècle, tant en Europe qu'aux États-Unis, mérite une nouvelle attention.
Je continue à regretter que mon père, Daniel Bell, qui aurait eu 100 ans le 10 mai, n'ait pas écrit ses mémoires1. Au début des années 1990, j'ai passé beaucoup de temps à essayer de le persuader de...