Le cas Zemmour
Nouvelle donne dans la droite radicale ?
Philippe Raynaud
N° 176 Hiver 2021
Article
La rentrée politique de cet automne a été dominée par l'émergence, à la droite de la droite, d'une éventuelle candidature d'Éric Zemmour. Ce qui apparaissait d'abord comme l'entreprise sans grand avenir d'un « polémiste » sans stature politique a rapidement pris l'allure d'un fait politique majeur, dès lors que les sondages montraient qu'avant même d'être officiellement proclamée, cette (probable) candidature pourrait bien modifier le scénario généralement prévu pour la prochaine élection présidentielle. Dans un premier temps, on a pensé que l'affaiblissement de Marine Le Pen allait bénéficier au candidat de la « droite républicaine », qui, en surmontant l'obstacle jusque-là apparemment infranchissable du premier tour grâce au recul du Rassemblement national, retrouverait des chances de vaincre Emmanuel Macron, et de faire oublier la défaite cuisante de François Fillon en 2017. À l'heure où nous écrivons, alors qu'Éric Zemmour n'a pas encore « officialisé » sa candidature, il semble que celui-ci pourrait accéder au second tour pour affronter un Emmanuel Macron qui, dans tous les sondages, reste largement en tête dans les intentions de vote au premier tour. Comme il est largement admis que, dans l'élection présidentielle, rien ne se passe jamais comme prévu, on se gardera ici de spéculer sur son résultat final. Mais on peut déjà considérer que l'engouement actuel pour ce candidat inattendu, qui semble élargir l'audience de la droite nationaliste au détriment de la droite classique, s'inscrit dans une transformation profonde et durable de la société et du système politique français.
Pour comprendre l'« effet Zemmour », il faut partir de la situation créée par les récentes élections régionales, qui modifiaient déjà notablement les conditions de la prochaine élection présidentielle. Avant les ré...