Les quatre questions traitées, sous cette rubrique générale, L'idée d'Université, s'enchaînent et se complètent. Dans le premier article, Antoine Prost, grand historien de nos institutions universitaires, propose un survol de l'Université française depuis la construction, en 1808, par Napoléon, de l'Université impériale (les universités, comme les autres corporations, avaient été dissoutes en 1792) jusqu'à 1968. Le point tournant de cette période ayant été la loi de 1896 qui reconstitue des universités, institutions factices hélas, les éléments du système étant les facultés et le cœur étant l'appareil étatique et centralisé qui les contrôle.Laurent Wauquiez, notre ministre des Universités, décrit le système actuel. Issu lui-même de l'École normale supérieure, il sera lu par nos lecteurs plus comme un collègue ou un homme éclairé que comme un ministre. Son article défend honnêtement les réformes accomplies depuis cinq ans. Il servira de base à la réflexion sur les réformes qui sont encore nécessaires.Fabrice Bouthillon, lui aussi issu, comme les auteurs précédents, de l'École normale, prend fermement position contre l'agrégation. Elle a été créée au xviiie siècle, au lendemain de l'expulsion des jésuites. Procédure de sélection pour de petits nombres pendant tout le xixe et le début du xxe siècle, convient-elle encore à l'époque de l'éducation de masse ? Ne nuit-elle pas à la formation des maîtres et à l'enseignement dans les universités ? Raymond Aron, au grand dam de la Société des agrégés, avait posé la question au début des années 1960 (voir les pages 339-345 de ses Mémoires). Il fallait la reposer à nouveau, avec vigueur.Le baccalauréat reste le premier grade universitaire. Il est divisé en sections (que l'on appelle improprement « séries »). Il faut s'interroger sur ce système et le comparer, comme le fait Bernard Manuel, au baccalauréat international, mieux adapté que le baccalauréat français aux exigences d'une formation générale sans spécialisation excessive et aux besoins des universités. Ce baccalauréat international, à la création duquel ont œuvré d'illustres pédagogues français, est désormais reconnu par les grandes universités du monde, alors que nous nous complaisons à bricoler nos « séries » pour mieux les conserver tout en déplorant leurs défauts. Je ne suis pas sûr, hélas, que l'on parlera beaucoup des universités au cours des campagnes électorales qui viennent, mais nos lecteurs plus que les électeurs savent que ce sont des questions importantes pour la culture des Français et pour l'avenir de la science. J.-C. C. Notre baccalauréat général est usé. Pour qu'il puisse contribuer à l'éducation que méritent nos jeunes gens et qu'exige le monde qui est le leur, il faut, plutôt que d'envisager une nouvelle réforme, le repenser, dans le contexte de la finalité des études secondaires, mais avec un regard neuf. Le baccalauréat international (dit « de Genève »), dont la structure pédagogique est profondément marquée par l'empreinte des éducateurs français qui ont participé à sa conception, peut éclairer ce regard. Son schéma directeur est suffisamment souple pour être adapté aux objectifs de l'Éducation nationale, et le respect qu'il inspire aux universités les plus prestigieuses du monde entier témoigne de l'excellence des principes éducatifs qu'il incarne. B. M.
« Notre grande erreur est d'essayer d'obtenir de chacun en particulier les vertus qu'il n'a pas, et de négliger de cultiver celles qu'il possède. »Marguerite Yourcenar« Je vis que je réussissais, et cela me fit réussir davantage. »Jean-Jacques RousseauEn quête d'identitéLe mardi 21 juin...