Ankara, 24 juin 2018 : Recep Tayyip Erdoğan (né en 1954) s'avance sur le balcon du quartier général du Parti de la justice et du développement (AKP –
Adalet ve Kalkınma Partisi
). Devant lui frémit une mer de drapeaux écarlates frappés du croissant et de l'étoile. Telles des lucioles, les plasmas des portables ponctuent la marée humaine. Soudain, le silence se fait : « Mes chers frères et sœurs, je vous salue. Vous étiez
inquiets mais nous n'avons courbé devant aucun pouvoir, devant aucun homme. Le seul tribunal que nous reconnaissons c'est le tribunal divin. »
Par ces quelques mots1, le raïs [le chef] annonce sa victoire au scrutin présidentiel. Encore une fois, avec des pouvoirs renforcés, Erdoğan présidera aux destinées de la Turquie. Ce nouveau quinquennat sonne comme un défi. Celui d'une puissance émergente qui entend ne plus être traitée en éternelle mineure. De...