La France, principal vainqueur de la Première Guerre mondiale, a été la première défaite au cours de la Seconde. Dans ce contexte, la politique étrangère de notre pays, de 1919 à 1939, n'apparaît que comme une marche vers l'« abîme », une « décadence » irrésistible pour reprendre les titres des ouvrages de Jean-Baptiste Duroselle consacrés à cette période. De son côté, sans doute racheté par sa résistance héroïque de 1940- 1941, que lui permettent l'obstacle de la Manche et le courage de son peuple, le Royaume-Uni échappe à cette condamnation sans appel. Churchill fait oublier Chamberlain ; « le sang et les larmes » annoncés par le premier, « la paix pour une génération » promise par le second après Munich.
Ces jugements méritent l'examen d'abord parce qu'ils interprètent l'histoire à la lumière du dénouement et considèrent que les acteurs devaient prévoir celui-ci et tout faire pour l'éviter. Leur échec n'est que stupidité, lâcheté, voire trahison. Or les hommes de 1919, de 1933 ou...