Le 21 octobre 1983 a paru dans L'Express le dernier éditorial de Raymond Aron. Il l'avait écrit le matin même de sa mort. Le titre « Université : le refus nécessaire » fut choisi par le journal, car Aron, en bon journaliste, ne fixait son titre qu'au dernier moment. Dans cet article il critiquait sévèrement la loi dite Savary, une de ces nombreuses lois (loi de 1895, loi Faure en 1968, loi Pécresse en 2008) qui depuis la fin du xixe siècle promettent aux universités françaises une autonomie qu'elles n'atteignent jamais – elles sont encore aujourd'hui les universités les moins autonomes d'Europe – et qui les privent d'une gouvernance efficace comme en bénéficient les universités anglaises, américaines ou suisses. Il faudra expliquer un jour pourquoi l'échec universitaire français tient à deux causes : l'illusion législative et le crétinisme gouvernemental. Nous avons retrouvé une longue interview de Raymond Aron sur ce sujet, qui lui tenait tant à cœur ; elle avait paru en mai 1983, quand la loi en question était en préparation. On verra que beaucoup des questions soulevées par Aron, hélas, persistent.
Le projet de loi de réforme de l'enseignement supérieur, l'agitation étudiante, l'avenir de l'Université et des grandes écoles1, autant de sujets importants sur lesquels Raymond Aron nous donne aujourd'hui son analyse, aussi bien en tant qu'universitaire qu'en tant que philosophe, sociologue et journaliste...