De nombreux pays nous l'envient, notamment en raison de son caractère égalitaire. Pourtant, le système de santé français connaît actuellement une crise grave, notamment une crise budgétaire. Les Centres hospitaliers universitaires (CHU), qui sont au cœur du dispositif d'offre de soins, disposent d'un financement qui dépend désormais directement de leur activité et la majorité d'entre eux se trouve aujourd'hui en déficit. Le déclin de la chirurgie en CHU contribue à limiter les recettes dont l'hôpital a pourtant besoin. Ce déclin est en grande partie dû au fait qu'un grand nombre de jeunes chirurgiens français, parmi les meilleurs, se détournent des carrières hospitalo-universitaires. Trois facteurs essentiels permettent d'expliquer cette désaffection. Tout d'abord, une évaluation professionnelle quasi exclusivement fondée sur l'activité de recherche, sans prise en compte de l'activité de soins, conduit à dévaloriser la technicité chirurgicale. En outre, des niveaux de rémunération fixes et très inférieurs à ceux des établissements privés, particulièrement pour les chirurgiens de moins de quarante ans, rendent les carrières hospitalières peu attractives. Enfin, l'emploi du temps des chirurgiens hospitaliers ne leur permet que très difficilement de participer aux instances de prise de décision. Sans mesure correctrice, les CHU pourraient être conduits à restreindre leurs missions aux actes d'urgence et à abandonner aux établissements privés l'essentiel des actes chirurgicaux courants. Les conséquences de cette évolution seraient une aggravation des déficits hospitaliers publics et une remise en question des missions des CHU, en un mot, le déclin de la chirurgie universitaire. A. B.
Une chirurgie performante et en crise L'évolution des pratiques médicales a été spectaculaire au cours des dernières décennies. La principale révolution est liée aux progrès de la biologie moléculaire qui ont permis...