L'égoïsme n'est pas un sentiment, une attitude parmi d'autres. C'est un véritable mode d'être qui colore le cosmos tout entier de celui qui l'adopte. Ce mode d'être serait lié, dit-on, à l'individualisme qui se trouve au principe de nos sociétés dites libérales. Il touche aujourd'hui jusqu'aux Chinois qui s'en alarment. L'égoïsme énonce-t-il la vérité immorale du libéralisme, du marché ? Une histoire édifiante est à présent ressassée par la « gauche ». Elle passe par la dénonciation par Mau des « eaux glacées du calcul égoïste » (1848) aussi bien que par les envolées de Jaurès devant les élèves du lycée d'Albi (1903). Mais tous ceux qui ont cru devoir opposer à l'égoïsme les vertus du collectif se sont heurtés à une difficulté : l'effacement, sinon la désintégration, de l'individu face à ce collectif ; la tyrannie du conformisme. Le totalitarisme n'est jamais loin. Ne convient-il pas de repenser l'individu pour rendre au moi ses facultés de libre création et d'imagination ? Ce serait le trans-individualisme, que nous proposons ici, à la jonction de la morale et de la politique. D. L.
Bref séjour au xviiie siècleCommençons, Si vous le permettez, par un bref séjour au xviiie siècle. Ce n'est pas ma faute, mais le mot d'« individualité » a été introduit dans la langue française par Denis Diderot lui-même. Il figure dans les très célèbres premières pages du Neveu de...