Au moment de la reprise des investissements en centrales nucléaires en France, il convient de s'interroger sur la régulation de la sûreté nucléaire, qui a eu bien des effets contreproductifs ces deux dernières décennies. Confiée à une autorité qui est indépendante depuis 2006, celle-ci est tombée dans le précautionnisme, faute de seuil de précaution défini par la loi. La sûreté nucléaire tend à ne répondre qu'à la seule logique bureaucratique de l'autorité, loin de toute rationalisation et des réalités industrielles. C'est à l'opposé de ce qu'on observe aux États-Unis, où des seuils sont fixés et où des procédures de rationalisation existent ainsi que des forces de rappel efficaces. En France, « autorité » veut dire « gendarme qui multiplie à plaisir les règlements, évite tout dialogue équilibré avec le contrôlé et s'emploie à le faire plier en s'appuyant sur les médias ». Sans rêver à des changements utopiques pour parvenir à un meilleur équilibre des pouvoirs, on proposera dans cet article quelques mesures d'adaptation des institutions en place, qui conduiraient à un dialogue confiant entre contrôleur et contrôlé, seule solution pour arriver à une meilleure rationalisation des décisions et à une véritable prise en compte des réalités industrielles. Et on se félicitera de constater que le gouvernement et le législateur œuvrent en ce sens.
On a coutume de dire que la sûreté du nucléaire n'a pas de prix, ce qui signifie qu'on ne doit mettre de bornes ni aux objectifs de sûreté ni à l'exigence des normes et à la sév...