De Jupiter à Périclès
Philippe Raynaud
N° 179 Automne 2022
Article
Le cycle électoral commencé avec l'élection présidentielle s'est achevé sur un résultat inattendu, qui ouvre une expérience inédite dans la Ve République. Emmanuel Macron avait été largement réélu et on pouvait raisonnablement penser, comme notre ami Pierre Martin le prévoyait dans notre précédent numéro, que cette réélection, qui faisait clairement apparaître la nouvelle structuration tripolaire du système politique français, mettait la majorité gouvernementale « en bonne position pour obtenir à nouveau une majorité en sièges lors des législatives des 12 et 19 juin ». Or, si celles-ci ont bien confirmé les progrès d'une gauche dominée par La France insoumise et, surtout, du Rassemblement national, elles n'ont donné au Président qu'une majorité relative, et ce dans un contexte politique et institutionnel beaucoup moins favorable que celui dans lequel, en 1988, Michel Rocard avait pu agir dans des circonstances formellement semblables. Pour reprendre un mot attribué au Président Macron, nous sommes entrés dans le « bizarre » et nous ne savons pas si et comment la « majorité » pourra sortir des difficultés que crée cette situation inattendue.Avant de m'interroger sur les perspectives ouvertes par cet événement paradoxal, je voudrais proposer quelques éléments d'analyse des forces et des faiblesses qui ont conduit, après la nette victoire de la présidentielle, au semi-échec des législatives.
Au lendemain du premier tour, on pouvait considérer que tout était favorable à la majorité sortante. Le Président avait obtenu un bon score en élargissant ses soutiens à droite, mais il conservait une large part des électeurs de gauche qui avaient vot...