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Camus, Dostoïevski et le problème du mal

Antoine Antonini

N° 172 Hiver 2020

Article


Nous avons publié le premier article d'Antoine Antonini sur Albert Camus en 2018 (Commentaire, n° 161). À cette occasion, nous avons dit combien Antoine avait compté pour nous et pour cette revue. Voici un autre article de lui tiré d'une conférence qu'il avait prononcée devant des étudiants il y a bien longtemps et que nous avions conservée précieusement. D'autres articles viendront, pour le plus grand bonheur, croyons-nous, de nos lecteurs que n'effraient pas les considérations simples et profondes.J.-C. C.Camus et Dostoïevski : que ces deux noms soient réunis dans le titre de cet article ne peut surprendre. Camus lui-même a reconnu à plusieurs reprises qu'après Jean Grenier – qui avait été son professeur à Alger –, l'écrivain qui l'avait le plus fortement influencé est le grand romancier russe, auteur entre autres des Possédés (on dit aujourd'hui Les Démons) et des Frères Karamazov. Et à vrai dire, cela n'a rien de surprenant. Depuis sa traduction en français, un peu avant 1900, et surtout depuis les articles et les conférences que lui avaient consacrés André Gide, entre 1908 et 1923, le prestige de Dostoïevski n'avait cessé de croître en France. Pratiquement, on peut dire que vers les années 1930 (à l'époque donc où Camus, né en 1913, arrivait à l'âge d'homme) tout le monde intellectuel et littéraire parisien était dostoïevskien d'une manière ou d'une autre. Une œuvre comme celle d'André Malraux, dans la mesure où elle a influencé celle de Camus, a pu servir de relais en quelque sorte entre Dostoïevski et Camus. Chez lui comme chez Dostoïevski, son maître, et chez Camus, son émule, le roman n'a plus pour ambition de « faire concurrence à l'état civil », comme disait Balzac, mais de poser des problèmes philosophiques, d'explorer la condition humaine. Il en est de même chez Céline qui, en 1936, intitule son chef-d'œuvre Le Voyage au bout de la nuit. Il en sera de même encore chez Sartre à partir de La Nausée, qui est de 1938.

A. A.

Problème commun et réponses divergentesCamus est dostoïevskien à la manière de plusieurs grands écrivains de sa génération, en tant qu'il subordonne délibérément l'analyse psychologique, d'une part, et d'autre part le romanesque proprement dit à l'illustration de thèmes qui relèvent de la métaphysique. Camus, du reste...

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